Consigne : un texte de 400 mots environ, avec pour obligation d’y inclure 12 mots suivants : aimer, autre, cinéma, désossé, dépasser, île, livre, miroir, passage rude, transporter, unique.
Il faisait sombre et une bruine glaciale tombait depuis le matin. L’homme entra dans le petit cinéma de quartier, acheta machinalement un ticket et se rendit à l’étage du bâtiment, où il croisa de nombreuses personnes. Il poussa la porte de la salle et se dirigea vers le fond. Il avisa un siège au milieu d’une rangée, s’assit lourdement en poussant un soupir qui en disait long sur sa lassitude.
Le temps automnal probablement. Il sortit un livre de la poche de sa veste et se mit à lire en attendant le début de la séance. Au bout de quinze minutes, la lumière s’atténua et il mit fin à sa lecture pourtant passionnante. Avant que la salle ne se retrouve dans l’obscurité, il constata que personne d’autre que lui n’assistait à la projection. Étrange ! La séance démarra.
Curieusement, il n’y avait pas de son, le film était aussi muet que son livre ; l’histoire n’avait également pas de sens, juste une succession de scènes sans aucun rapport entre elles. Soudain, un personnage qui lui ressemblait apparut avec un grand couteau de boucherie. Il s’attaqua avec rage à un gros gigot déjà désossé dans des éclaboussures de sang. Un passage rude qui mit mal à l’aise l’unique spectateur de cette histoire abracadabrante. Il eut un haut-le-cœur et voulut s’en aller. À cet instant, un ultime coup de couteau d’une violence inouïe déchira la pellicule. Une île paradisiaque, sur laquelle poussait un palmier solitaire, apparut. L’homme resta assis, fasciné par ce paysage enchanteur qui semblait irréel. Il était vrai que le soleil ardent et les couleurs vives contrastaient avec le temps qui régnait à l’extérieur. Il se sentit alors aspiré et il eut l’impression de traverser l’écran. Il fut transporté au-dessus de l’océan ; il flottait à présent à la verticale d’une plage où se tenait une jeune femme se regardant dans un petit miroir délicatement décoré. Elle se leva, puis se mit à marcher sans but, en continuant à s’admirer. Elle murmurait quelque chose d’inaudible et il dut s’approcher pour comprendre ce qu’elle disait. Elle répétait constamment « amour, aimer ». Il se rapprocha encore et il vit sa réflexion dans la glace. Il poussa un cri qui se fit retourner la jeune femme. Le miroir tomba et se brisa sur un caillou. L’homme commença à s’éloigner alors qu’elle lui demandait de rester, de ne pas dépasser les limites de la pellicule. Rien n’y faisait, il fut aspiré et retraversa le film. Il ouvrit les yeux et constata que la projection était terminée. Avait-il rêvé ? Il ne le sut jamais.