Après une longue absence regrettable pour cause d’emploi du temps surchargé, le retour est consacré aux tissus.
Je parlerai, pour commencer, du kaki. Évidemment, il ne s’agit pas du fruit, mais de l’étoffe de couleur brun jaunâtre en provenance de l’Inde. Tombé en désuétude, ce tissu a eu, à la Réunion, son heure de gloire. En effet, on en faisait autrefois des vêtements, en particulier des costumes, dès 1935. Son usage était surtout réservé aux personnes les plus modestes.
« Moi l’a parti faire faire un costume kaki. » — (Jean Albany, Le piment des mots créoles, p. 62, éd. 2001)
« Le costume créole ordinaire est fait de kaki et se compose d’un pantalon et d’une veste à col officier, fermée du haut en bas, par de petits boutons. » — (Marie-France Mourrégot, L’Islam à l’île de la Réunion, p. 213, 2010)
L’utilisation du mot n’est pas très ancienne. On le retrouve en français, mais il fait partie intégrante du créole. Il vient de l’indo-anglais khakkee (ou encore kharki, kharkee) et on en fait mention en 1858 :
« A book appeared called « Service and Adventures with the Khakee Ressalah, or Meerut Volunteer Horse during the Mutinies in 1857-8, » » by R. H. W. Dunlop.
Les premiers uniformes kaki ont été utilisés en Inde par les Anglais en 1857, l’année de la Mutinerie.
En France le mot apparaît dans le Larousse en 1902 avec la graphie kaki et, en 1911, on le voit dans le texte suivant :
« Sur les terrains de manœuvre, les Anglais dans leur tenue rappelant le pelage du lièvre, les Russes en gris, les Japonais en kaki. » (FOCH, Princ. guerre, p. XI).
Les Anglais ont emprunté le mot à l’hindoustani khâkhi (साकी), marron, couleur de terre sèche, lui-même emprunté au persan khâki (خاکی), khâk (خاک), poussière.
Aujourd’hui, le mot n’est plus utilisé que pour l’uniforme. Le costume kaki, tel qu’on l’a connu, a disparut du paysage.